Le jeudi matin, j'ai fait cours normalement mais mon esprit était en partie déjà au soleil, en partie en plein stress...Prendre l'avion seule, laisser les enfants....bref comme toute mère un brin culpabilisée ;)
Finalement j'ai pris ma valise (pas en carton) à deux mains et direction St Exupéry.
L'avion était petit mais pas plein et j'ai eu la chance d'être sur la dernière rangée, seule et sans personne devant. J'ai donc pu prendre mes aises.... et mitrailler sans complexe le fabuleux coucher de soleil.

Arrivée à lisbonne, j'ai été accueillie (enfin sans un mot!!!) par le chauffeur attitré des concurrents qui m'a menée à Obidos, charmante cité médiévale à environ une heure au nord de Lisbonne.
Là, Ko je me suis douchée et couchée....
Le lendemain matin après un plantureux déjeuner mi-salé, mi-sucré, me voici en route pour visiter Obidos.

C'est un tout petit village très pittoresque.
Dès ma fenêtre, j'ai vue sur les remparts et le ciel immaculé annonce un week-end de grand beau.
Partout les maisons sont peintes en blanc avec des bandes jaune ou bleu vif.

Chaque bâtiment est orné d'un Azulejos,

on trouve même un artisan à l'entrée du village, où j'ai craqué pour quelques petits carrés...
Parlons un peu de l'entrée de la cité. Une énorme porte de l'époque médiévale et si on lève un peu les yeux, au-dessus de cette mamy
qui vend son travail crocheté, on admire un magnifique azulejos entouré de fresques.
Cela donne le ton du village. L'église elle-même est ornée de ces splendides mosaïques bleues et blanches.

Toute la ville dédie pendant dix jours sa vie au chocolat.
Les magasins rivalisent d'audace pour leur déco,
même si parfois il me faut un temps d'adaptation pour comprendre l'écriture...(lirez-vous comme moi???)
de nombreux stands proposent de déguster le ginha, l'alcool local, sorte de liqueur de griottes. J'en ai d'ailleurs rapporté un exemplaire mi-griottes, mi-chocolat que mes collègues ont fort apprécié. On déguste cette liqueur dans un godet en chocolat que l'on croque juste après...
C'est impressionnant de voir ce petit village accueillir quelques 200000 personnes sur dix jours. On voit de partout des groupes d'enfants qui chantent à tue-tête avant d'aller plonger avec délice leurs mains dans le chocolat...
Tout cela sous l'oeil impassible des félins locaux.

Mais il est déjà temps de rejoindre le service du patrimoine qui doit me montrer les coulisses et la cuisine où j'officierai.
Mon gâteau ayant besoin de rester un frais un long moment, j'obtiens le droit de le préparer dès midi avant de le refaire le soir devant le jury. Cela va me permettre de voir la cuisine et de repérer le matériel nécessaire, sans stress.
Nous sommes 6 candidats, 2 amatrices et 4 déjà dans le milieu culinaire ou pâtissier, dont le futur vainqueur et c'est une grande première pour moi de cuisiner ainsi en public face à un jury.
Quel effet d'ailleurs de lire son nom sur les affiches immenses qui ornent la devanture de la tente...
C'est à ce moment-là que j'ai eu la chance de rencontrer Luisa, une charmante employée du patrimonium qui parle un super français et s'est pliée en 4 pour me fournir le nécessaire et le superflu. Comme j'étais encore bien enrhumée et que je n'avais pas prévu assez de mouchoirs, elle m'en a fourni, dès que j'avais besoin de matériel ou ingrédients elle y pourvoyait, quand j'avais soif, une bouteille d'eau apparaissait par magie....Et tout ça avec un sourire permanent qui m'a permis de moins stresser.
Une fois mon premier gâteau au frais, je suis allée faire une sieste réparatrice à l'hôtel, la soirée promettant d'être intense...
En fin d'après-midi, me voici devant l'auditorium où Valrhona, le sponsor du festival expose toute une variété de grands crus et de produits pour la pâtisserie.
Dans la même salle, on peut admirer les gâteaux concourants pour le cakedesign. Mes yeux en ont retenu certains mais tous m'ont bluffée par la quantité de travail...Surtout en bas à gauche, une oeuvre intitulée "désastre en cuisine" ;)

Il est temps de franchir l'enceinte du château et de découvrir les expositions. Tout d'abord la sculpture avec de nombreux chefs-d'oeuvre, Petra, la muraille de Chine, le Chichen Itza, le Taj-Mahal....On ne sait où regarder!!!

Juste après, le bodypainting et de partout des jeunes déguisés en gourmandises répandent la bonne humeur et l'ambiance .

Les décors sont somptueux et très gourmands et de nombreux stands proposent des gourmandises à base de chocolat...

D'autres stands vendent des produits à ne pas mettre entre toutes les mains....

La tension monte et j'ai beau essayer de me changer les idées en admirant les installations du défilé qui va suivre ma démo, je n'en mène pas large.
Pendant cette attente, sur les écrans Frédéric Bau explique comment réussir une belle ganache, je n'en perds pas un mot!!!
Mais déjà il est temps de mettre mon tablier. Je ne suis pas venue seule, une amie a guidé chacun de mes pas, un peu malgré elle ;)

Les autres m'ont soutenue par leurs appels, sms attendus ou inespérés et j'avais quelques grigris pour me soutenir : un tablier brodé par la maman d'Anne et les cercles à entremets de ma copine, la vanille Bourbon tout juste rapportée de la réunion par Marie, une peluche glissée dans ma valise par mon fils, à côté d'un mot doux de Manon et des perles de Valrhona...
Avec tout ça et tandis que le président du jury traduisait ce que je faisais, j'ai cuisiné sans regarder une seule fois le public, étranglée par le stress. Je n'ai réalisé qu'il y avait des gens qu'à la fin quand ils ont applaudi. Il paraît même qu'une dame m'a mitraillée pendant 1h30. Karin (dont je parlerai plus bas) a cru que c'était ma mère ;)
Le jury déguste mon succès, le chef autrichien (un amour de gentillesse) me dit que la déco est très belle.
Un coup d'éponge et vite je traverse pour assister au défilé. Pas de photos car il fait nuit et je suis loin mais je retiendrai l'animatrice (une star locale???) qui n'arrivera jamais à dire Taj Mahal sans se tromper!!!!! Mais le lendemain je peux photographier sans souci les oeuvres des créateurs.

Vers minuit vite au lit, le lendemain une grosse journée m'attend.
Après le petit déj', je me glisse dehors. Le soleil chauffe déjà et à peine une minute plus tard Maloud arrive avec Antonio. Ils ont prévu un programme de choix. Direction le sud et la côte.
Nous traversons Sintra pour monter vers le palacio Pena.
Dressé sur l’une des cimes de la Serra de Sintra, au cœur d’un parc de 200 hectares de la ville de Sintra au Portugal, le Palais de Pena se caractérise par son éclectisme architectural et ses couleurs vives, jaune et rouge. Ce magnifique monument est le premier palais romantique d'Europe, dont la construction a débuté par exemple 30 ans avant le commencement des travaux du château qui est souvent cité comme la première expression du romantisme en architecture : Neuschwanstein en Bavière.
On le doit au prince Ferdinand de Saxe-Cobourg-Gotha — régent du royaume —, d’origine prussienne et portugais d’adoption suite à son alliance avec la reine Maria II.
En 1839, après avoir racheté les ruines d’un monastère hiéronymite du XVe siècle, ce même souverain confie l’édification de son palais d’été au baron Ludwig von Eschwege. Celui-ci mélange allègrement les styles architecturaux — mauresque, baroque, gothique, Renaissance et manuélin — afin de livrer un bâtiment exubérant et haut en couleurs, mais qui conserve toutefois quelques parties de l’ancien monastère.
La construction, commencée au milieu du XIXe siècle, ne s’achève qu’en 1885, année de la mort du roi.
Après la proclamation de la République, en 1910, l’édifice, devenu propriété de l’Etat, est conservé tel quel et ouvert au public.
On pénètre dans le palais par une porte mauresque menant à une cour intérieure ; dans celle-ci, on ne peut manquer l’arc de triton, décoré de détails néo-manuélins.
L’intérieur du palais se divise en différentes pièces, uniques en leur genre. La salle arabe, comme son nom l’indique, présente ainsi des fresques et autres ornements inspirés de l’Orient. La salle de bal mélange, quant à elle, des éléments de décoration orientaux à des vitraux prussiens.
Le cloître et la chapelle affichent, pour leur part, le style manuélin.
Les différents balcons offrent des vues panoramiques sur la côte Atlantique et le Tage.
Pendant la seconde guerre mondiale, la noblesse et les juifs argentés se sont réfugiés dans cette station "balnéaire". Les maisons y sont somptueuses et les noms de leurs anciens occupants sont célèbres, comme Lord Byron.
Maloud m'explique l'origine des lieux que nous admirons. Bientôt le décor change et l'océan apparaît, apportant avec lui un avant-goût de vacances....
Nous découvrons enfin le restaurant conseillé par un de leurs amis, le Furnos do Guincho, le volcan des hurlements.
Avant notre commande, le serveur nous apporte une énorme assiette de crevettes, une de pousse-pieds (ou pouce-pieds, je vous laisse lire l'article de Patrick à ce sujet...), des olives, du fromage de la région (brebis), du pain, du beurre...Bref quasiment un repas complet.
On nous apporte un charriot de poissons et nous pouvons choisir le nôtre. Ce sera une superbe daurade qui cuira doucement au sel et sera préparée et servie avec des brocolis, carottes, pommes dorées et un mélange huile d'olive, ail, persil.
Maloud immortalise ma dégustation des percebes (psipche environ si je ne me trompe pas sur la prononciation)
Pour le dessert, je me laisse tenter par une queijadas de sintra (tarte au fromage frais et à la cannelle) et Maloud se régale de Trouxas de ovos (en bas à côté de la dorade sur le montage). Ce sont des jaunes d'oeuf battus et cuits dans un sirop eau+sucre, un régal de son enfance.

Le cadre est magnifique, les mouettes peu farouches. On est bien mais l'heure tourne alors direction Lisbonne et plus précisément Belém, un de ses quartiers.
Bon au départ j'ai cru que nous allions à San Fransisco
voire à Rio de Janeiro...
Belém est un quartier de Lisbonne situé à 6km à l'ouest du centre actuel de la ville et à 2km à l'ouest du pont du 25 avril. Son nom vient d'une déformation au cours du temps de « Bethléem ». Belém correspond à une paroisse de Lisbonne, la paroisse Santa Maria de Belém.
Belém est connu comme le lieu d'où sont partis beaucoup de grands explorateurs portugais pour leurs voyages à travers le monde. En particulier, c'est l'endroit d'où est parti Vasco de Gama en route pour les Indes en 1497. C'est aussi le quartier du palais de Belém, ancienne résidence royale des XVIIe et XVIIIe siècles aujourd'hui occupée par le président du Portugal, ainsi que du palais Ajuda commencé en 1802 mais jamais terminé.
Parmi les monuments emblématiques du quartier la tour de Belém est peut-être le plus connu, elle dont l'image est fréquemment représentée sur les dépliants touristiques. Cette tour fut construite comme un phare fortifié à la fin du règne de Dom Manuel (1515-1520) pour surveiller l'entrée du port de Belém. Elle se tient sur une petite île de la rive droite du Tage régulièrement recouverte par la marée.
Un autre édifice historique majeur de Belém est le monastère des Hiéronymites qui, avec la tour de Belém, avait aussi un rôle défensif. L'architecture du monastère est un exemple de style manuélin. Sa construction commença en 1502, suivant les instructions de Manuel Ier et elle dura cinquante ans. Ce monastère fut construit comme un monument dédié au succès de l'expédition de Vasco de Gama aux Indes et fut financé par les taxes prises sur le commerce des épices orientaux. Vasco de Gama fut inhumé dans l'enceinte du monastère. De nos jours, les musées de l'archéologie et de la marine sont situés dans des ailes du monastère.
Le monument contemporain le plus célèbre de Belém est le Padrão dos Descobrimentos (monument des découvreurs). C'est une dalle verticale de béton de 52 mètres de haut érigée en 1960 pour commémorer le 500e anniversaire de la mort de Henri le navigateur. Cette dalle est sculptée en forme de proue d'un navire sur laquelle évoluent un groupe de statues représentant Henri le navigateur suivi des grands explorateurs. Attenant à ce monument, une place a été aménagée sur laquelle sont représentés, reproduits au sol, une carte du monde et les itinéraires des explorateurs portugais.
(le monument des découvreurs)
Le quartier est dédié à la mer et aux voyages.
Pour me faire plaisir, Maloud voulait m'emmener déguster des Pasteis de Nata (enfin de Belém) mais la file d'attente est grande et il n'y a pas une place de parking à l'horizon. Tant pis, je me rattraperai plus loin...
Maloud met la barre très haut puisque juste au moment où nous longeons le palais présidentiel, il y a la relève de la garde.
Le timing est parfait...
Je retiendrai quand même que les maîtresses des rois portugais se sont vu offrir de splendides "monastères"....
Il est déjà l'heure du retour à Obidos où j'ai rendez-vous avec l'Autriche. La deuxième concurrente amatrice, Karin officie ce soir.
A l'entrée du village, une longue file devant la cabane qui vend une spécialité locale, le pain au chocolat (cuit au feu de bois). Impossible d'en voir un et la queue me décourage d'attendre....
Les azulejos de l'entrée ont un aspect différent de nuit.
Juste le temps d'une pause culinaire locale. Mamina m'avait conseillé de déguster les chouriço flambés, il est grand temps de sacrifier à la tradition (et je ne le regretterai pas!!!)

Karin prépare ensuite son Schlossschnitte (tranche de château ou château en tranches), un gâteau très aérien à la liqueur de chocolat, recouvert de chantilly moitié nature, moitié parfumée à la liqueur de chocolat aussi.

C'est sa deuxième participation au festival, elle est bien plus à l'aise que moi...
Le jury, lui est plutôt distrait, tantôt par le match de foot de Porto, tantôt par le téléphone....
Doris, l'amie venue encourager Karin a la gentillesse de me prendre en photo dans la cuisine pour que j'ai des souvenirs.
Une fois que tout est fini, nous traversons toutes les trois Obidos toute fleurie et fruitée.

Les filles ont repéré un bar très pittoresque, bâti autour de la vis d'une ancienne presse à vin.

J'adore sortir au Portugal. 4.5 euros pour un coca, une bière et un verre de vin!!!! Mais le lendemain mon réveil sonne à 5h pour me ramener en France...Il est temps de rentrer faire ma valise et dormir.
Arrivée avec le coucher de soleil, je repars avec son lever...
De l'avion, juste avant de fermer les yeux pour finir ma nuit je vois un des ponts de Lisbonne.

A mon réveil, à l'approche de Lyon, ce sera un tapis de barbapapa euh pardon de nuages, et une chaîne alpine.

Je rentre avec 533 photos, quelques souvenirs touristiques et surtout une immense envie d'y retourner....peut-être pour quitter la 2° place et avoir la première ;) (soit un stage chez Valrhona!!!)
Je vous laisse avec une recette de Pasteis de Nata piquée chez Elvira.
- 400 g de pâte feuilletée
- 300 g de sucre
- 2 oeufs + 6 jaunes
- 5 dl de lait
- 2 cuillères à soupe de farine
- 1 dl d'eau
- beurre, farine
Préparation
Préchauffer le four à la température maximum (250ºC, dans mon cas). Beurrer des petits moules à muffins en aluminium et réserver.
Étaler finement la pâte feuilletée à l'aide d'un rouleau à pâtisserie sur le plan de travail fariné. Secouer la farine et humidifier l'un des côtés de la pâte avec un peu d'eau. Découper des disques de pâte de taille adaptée à celle des moules. Foncer les moules avec les disques de pâte, côté humide vers l'extérieur. Pressionner du bout des doigts pour bien faire adhérer la pâte aux moules.
Mettre l'eau et le sucre dans une casserole. Faire chauffer en remuant jusqu'à obtenir un sirop (lorsque l'on trempe une cuillère ou une fourchette dans le sirop, un fil fin qui accompagne le mouvement doit se former). Réserver.
Battre les oeufs avec les jaunes dans une jatte. Ajouter la farine préalablement dissoute dans un peu de lait et le lait restant. Bien mélanger. Verser le sirop en fil sans cesser de remuer.
Faire chauffer la préparation au bain-marie pendant 10 minutes sans cesser de remuer. Retirer la crème de la chaleur et la répartir dans les moules.
Poser les moules sur la plaque du four et enfourner à 250ºC pendant environ 25 minutes, où jusqu'à ce que les petits gâteaux soient bien dorés.
Retirer les pastéis de nata du four et les laisser refroidir avant de démouler. Servir les pastéis à peine tièdes ou froids, en accompagnant à part avec du sucre en poudre et de la cannelle moulue.